Cet été, notre petite famille était du côté de Londres pour un mariage dans ma famille. Si l’événement n’a pas été comme nous l’aurions réalisé pour nous avec beaucoup trop de bling-bling et pas assez de partage avec les invités malgré les milliers de kilomètres parcourus, ce mariage était à leur image et personnalisé, tant mieux. Cependant et quoi qu’il en soit, nous avons créé un ouragan à propos de la vidéo de mariage et de nos enfants.
Une vidéo publique avec mes enfants
Lors de l’événement, nous avions pour consigne de ne pas filmer ni prendre de photo, une armada de spécialistes était sur les lieux pour immortaliser chacun des moments privilégiés de cette union. Nous nous sommes pliés à la règle avec grand plaisir. Cependant, un mois après le mariage, nous avons découvert par le biais d’une discussion WhatsApp qu’une vidéo avait été réalisée et, après visionnage de celle-ci, quelle stupéfaction : non seulement mon mari et moi-même sommes dessus sans qu’on ait pu dire quoi que ce soit mais nos bouts de choux aussi…
Personnellement, je trouve assez trivial de voir ma tête exhibée par une agence de production audiovisuelle spécialisée dans le mariage. Ma famille participe à une publicité grandeur nature diffusée sur Viméo, Facebook et même le site web de l’entreprise en question sans que rien n’ait été demandé ni notifié. Nous n’avons aucun souci pour apparaître sur une vidéo de mariage, c’est un moment de partage familial qui célèbre l’union de deux personnes. Mais l’apparition demeure légitime et tolérée du moment que cette vidéo compilation reste privée et destinée au cercle familial. Si le droit à l’image au Royaume-Uni n’existe pas, nous estimons qu’on aurait pu nous mentionner ce fait à un moment donné, une preuve de respect, de maturité et d’empathie pour les personnes. Là, cela relève plus de l’erreur notoire et maîtrisée qui leur permet d’avoir des contenus vidéos gratuits – non, qu’on leur a payé – à diffuser pour se faire mousser.
Des mariés pris en otage
La stupeur passée, place aux questionnements. La réponse des mariés est sans équivoque : ils n’ont eu aucun choix malgré que ce ne soit pas un mariage sponsorisé. La société leur a imposé de diffuser publiquement leur vidéo de mariage et, comme le droit à l’image ne tient pas, ils n’ont eu aucun mal à réaliser la chose. D’autre part, ils voulaient garder cette vidéo pour leur premier anniversaire de mariage, la surprise est déjà gâchée par l’agence de prod.
Ne prenez pas de photo mais souriez : vous serez bientôt sur le Wolrd Wide Web grâce à nous…
Soit. Donc, que ce soient nos enfants, les enfants présents ou même nos cousins et cousines, tout le monde est visible sur cette vidéo sans que quiconque trouve cela bizarre voir abusif. Maintenant, passons à la riposte.
Atteinte au droit à l’image de mineurs
Nous avons une règle à propos du droit à l’image de nos enfants à l’instar de leur interdiction à consulter des écrans. Tant qu’ils ne sont pas majeurs, personne ne peut user de ce droit à leur place : famille, amis et même parents. Aucune image de nos enfants ne doit être disponible publiquement sur le web ou ailleurs, par respect pour eux et pour leur avenir. Ce bridage volontaire est aussi destiné à éviter les mauvaises surprises (pédophilie, vols d’identité) mais reste plus que nécessaire à cette époque où tout peut finir en quelques secondes sur un fil Twitter ou une story Facebook.
Après avoir du expliciter ces choses auprès de notre association sportive qui voulait faire figurer nos enfants en couverture d’un livre, nous voici à nouveau confronter au problème dans le cadre d’un mariage privé surtout que ce n’était pas un mariage sponsorisé. Je vous avoue que je n’ai pas cherché à contacter l’agence en question, qui m’aurait probablement rembarrée à l’image des mariés. La vidéo était à l’époque diffusée uniquement sur Viméo donc, grâce à leur formulaire DMCA, j’ai indiqué les passages où notre famille apparaissait en stipulant qu’aucune autorisation parentale n’avait été demandée.
Réponse de la plateforme d’hébergement gratuite en moins de deux heures : vidéo supprimée pour atteinte aux droits de mineurs. L’agence a été immédiatement avisée de la suppression et de la cause par mail. J’ai alors pris ma plus belle plume web pour leur envoyer un mail indiquant que je ne souhaitais plus avoir à faire à eux et que nous ne voulions pas figurer sur une vidéo publique. Réponse polie de l’intéressée qui note ce fait. Une nouvelle vidéo devait être réalisée dans la foulée, sans les morceaux choisis nous faisant apparaître à l’écran et, moins d’une semaine après, la version 2 de la vidéo du mariage était en ligne sur Facebook, Viméo et le site web.
Brouille familiale
Cela ne s’est bien entendu pas bien passé avec la famille, surtout les mariés. Ils ont compris qu’on ne voulait pas leur laisser diffuser la vidéo à leurs amis et ont choisi de nous évincer de la famille.
Vous avez ruiné notre mariage.
Ce quiproquo initial a été largement amplifié par leurs réactions suggestives et hors de propos, faisant fi de toute discussion en bonne intelligence. Alors oui, on a ruiné la première vidéo du mariage qui repose sur un abus évident mais pas le mariage, heureusement. D’ailleurs, je reste ébahie que personne d’autre dans notre cercle familial ne trouve cela étrange et n’ait aucun frein à apparaître publiquement sur une vidéo non maîtrisée.
Ceci dit, cette problématique soulève la question du droit à l’image en UK et, surtout, de la responsabilité de chacun pour faire appliquer la chose. En effet, si cela a été possible avec Viméo qui est très attentif aux droits à l’image, ce ne sera pas toujours le cas pour d’autres plateformes d’hébergement. Adulte ou enfant, tâchons de maîtriser notre image. Cela devient d’autant plus urgent pour les enfants à mesure que les réseaux sociaux gagnent en ampleur et en popularité : une image pourra être utilisée pour faire chanter votre enfant, une vidéo pourrait être détournée pour le victimiser, un montage pourrait l’empêcher de trouver un emploi ou pire, d’être la cible de prédateurs… Ce droit à l’image vous appartient et, dans le cas de nos enfants, il est de notre devoir de le faire respecter, envers et contre tous.
[…] exerçons déjà un contrôle de leur e-réputation et des photos qui filtrent sur le web aux sujets de nos enfants mais, IRL, c’est impossible. La seule […]